Source : National Heart, Lung and Blood Institute |
La
pneumonie se définit généralement comme une inflammation du parenchyme
pulmonaire avec consolidation et remplissage des espaces alvéolaires par des
cellules inflammatoires, d’exsudat et de la fibrine.[1]
Selon
l’OMS, elle se définit comme une infection respiratoire aiguë affectant les
poumons. Elle est la première cause de mortalité
chez l’enfant, responsable de 1,2 million de décès annuellement chez les moins
de 5 ans. Tous les pays du monde sont concernés, mais sa prévalence est plus
forte en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne.[2]
Sur le plan radiologique, on distingue la pneumonie lobaire,
la pneumonie multifocale et la pneumonie interstitielle. La pneumonie lobaire concerne
un lobe du poumon, elle touche surtout les sujets immunodéprimés. La pneumonie
interstitielle peut concerner la totalité des voies respiratoires inférieures,
elle est souvent d’origine inconnue.
On classe aussi la pneumonie en fonction de son origine, on
distingue :
La pneumonie acquise dans la communauté qui est l'une des infections
les plus courantes rencontrées en clinique. Elle survient chez des gens en
dehors du milieu hospitalier ou 48 heures après avoir été admise en milieu
hospitalier. Elle est une cause majeure de mortalité dans le monde entier. Les germes
les plus courants sont Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenzae et
Moraxella catarrhalis ; ces 3 agents pathogènes sont responsables d’environ
85% des cas.[3]
La pneumonie acquise en milieu hospitalier est encore appelée
pneumonie nosocomiale ; elle se développe chez des patients déjà fragilisés
admis pour plus de 48 heures en milieu hospitalier.
Un
grand nombre d’agent infectieux peuvent causer la pneumonie. Ils peuvent être
des bactéries, des virus ou des champignons. Les germes varient en fonction de
l’état du système immunitaire de l’hôte. Les petits enfants, les
immunodéprimés, les vieillards, … sont très sensibles aux infections
pulmonaires. L’agent pathogène le plus souvent à l’origine de la pneumonie bactérienne
chez l’enfant est le streptococcus pneumoniae ; Haemophilus influenzae
type b (Hib) est la deuxième bactérie la plus courante à l’origine de
pneumonies; le virus respiratoire syncytial (VRS) est l'agent pathogène le plus
fréquent en cas de pneumonie virale ; Pneumocystis jirovechi est
une cause majeure de pneumonie chez l’enfant de moins de six mois infecté par
le VIH/sida. Il est responsable d’au moins un quart des décès chez les
nourrissons séropositifs.
RAPPEL
SUR LES VOIES RESPIRATOIRES
Les
voies aériennes se divisent en :
Voies
aériennes supérieures comprenant : Nez, pharynx, larynx qui assurent la
conduction de l’air.
Voies
aériennes inférieures : Trachée, bronches, bronchioles terminales,
bronchioles respiratoires qui assurent la conduction et la transition ; et
les sacs alvéolaires qui assurent les échanges.[5]
Tout
ce système bien établi assure le transport de l’oxygène jusqu’au site d’échange
où il sera capté et transporté par les globules rouges aux différents organes.
Les globules rouges au retour transportent le gaz carbonique.
Dans
les cas de pneumonie, il y a atteinte des structures qui assurent les échanges gazeuses
ce qui met en danger la vie du patient.
MÉCANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES
La
pneumonie se développe lorsque des agents pathogènes atteignent les poumons et
que les défenses de l’hôte sont dépassées par la virulence du germe.[6] Les
germes causant la pneumonie peuvent se transmettre par l’inhalation de
particules infectées provenant d’autres personnes, d’animaux, ou de
l’environnement[7].
Chez l’enfant, elle est aussi due à l’inhalation de germes déjà présents dans
le nez ou la gorge.
Les
agents pathogènes ont des stratégies diverses pour atteindre les poumons. M.
pneumoniae s’attache à l’épithélium respiratoire, inhibe l’action des cils provoquant
une destruction cellulaire entraînant inflammation et obstruction des voies
respiratoires. S. pneumoniae provoque un œdème local entraînant prolifération
et propagation dans les zones adjacentes d’où une pneumonie lobaire. Le
Streptocoque du Groupe A provoque une infection diffuse avec pneumonie
interstitielle et nécrose de la muqueuse tracheo-bronchique avec formation d’exsudat,
œdème, hémorragie, …[8]
CLINIQUE
Les
manifestations cliniques de la pneumonie peuvent varier en fonction du germe en
cause. Cependant, un début soudain et une évolution rapide sont
caractéristiques d’une pneumonie bactérienne. La toux, la dyspnée, la fièvre, les
douleurs thoraciques, l’intolérance à l’effort, … témoignent d’une atteinte
pulmonaire. Une toux persistante depuis plus de 3 semaines accompagnée de
fièvre, de perte de poids, certaines fois d’hémoptysie … doit faire penser à
une tuberculose pulmonaire
De
nombreux paramètres entrent en ligne de compte pour diagnostiquer la pneumonie.
Un hémogramme, une culture des expectorations, une radiographie du thorax sont
très utiles au diagnostic ; aussi dans certains cas, une PPD peut se
révéler nécessaire au diagnostic. Cependant, la clinique reste incontournable
pour le diagnostic ; la palpation et l’auscultation fournissent des
éléments précieux.
TRAITEMENT
La
prise en charge d’une pneumonie varie en fonction du germe en cause et de
l’immunité du patient. Elle peut se faire en ambulatoire par l’administration
d’antibiotiques couvrant les potentiels germes en cause.
Tenant
compte de la classification qu’on a présentée ci-dessus, dans les cas de
pneumonie communautaire, l’amoxicilline est le médicament de premier choix ;
les céphalosporines de 2ème ou de 3ème génération
constituent les alternatives à l’amoxicilline.
Dans
les cas de pneumonie chez les enfants en âge scolaire, les macrolides
(Azithromycine, Doxycycline, …) constituent les médicaments de choix.
Chez
les patients hospitalisés, la prise en charge de la pneumonie se fait par l’association
de céphalosporine de 3ème génération et d’un macrolide.
Chez
les enfants toxiques, on utilise vancomycine (particulièrement dans les régions où il y a une forte prévalence des
pneumocoques résistants à la pénicilline et des S. aureus résistant à la
méthicilline) associée à une céphalosporine de 2ème ou de 3ème
génération.
COMPLICATIONS
Une
infection aux poumons qui n’est pas traitée peut causer divers autres troubles,
pouvant aller d’une infection généralisée à la mort. Parmi les complications,
notons :
- Effusion pleurale : Accumulation excessive de liquide dans la cavité pleurale
- Empyème : Collection de pus dans la cavité pleurale
- Pneumatocèle : Cavité aérique limitée sans paroi propre
- Abcès pulmonaire
- Hypertension pulmonaire persistante chez le nouveau-né
- Obstruction des voies respiratoires par des sécrétions
- Bactériémie : Propagation des bactéries dans tout l’organisme
- Maladies pulmonaires chroniques
PREVENTION
L’OMS
et l’UNICEF préconise la protection des enfants contre la pneumonie (par le biais de l’allaitement au sein exclusif, du lavage
des mains et de la réduction de la pollution de l’air intérieur) et aussi à l’aide de la vaccination.
Important : Si votre enfant présente de la toux, de la fièvre, de la dyspnée, rendez-vous chez votre médecin en urgence.
La dyspnée :
Chez l'enfant de 2 mois à 12 mois : 50 respirations par minute ou plus
Chez l'enfant de 12
mois à 5 ans : 40 respirations par minute ou plus
Dyemy Dumerjuste
DIV-FMSS-UNDH
Twitter: @DyemyMD
[1] Stedman's
Medical Dictionary. 27th ed. Baltimore, Md: Lippincott,
Williams and Wilkins; 2003.
[4] Bergelson J et Al. Pediatric infectious diseases –
The requisites in pediatrics. Mosby. 2008. P 118 – 126
[5] https://facmed.univ-rennes1.fr/wkf/stock/RENNES20111012090736lerumeurMecanique_ventilatoire_2011-12_1ere_partie.pdf
[6] Alcón, Amalia,
et al. "Pathophysiology of pneumonia." Nosocomial Pneumonia: Strategies
for Management (2008): 63.
[7] Wardlaw, Tessa M., Emily
White Johansson, and Matthew J. Hodge.Pneumonia: the forgotten killer of children. United
Nations Publications, 2006.